Libération de Paris, août 1944. On voit Roger Savin, 24 ans, résistant depuis 1943, qui sera tué peu de temps après lors d’une attaque des Allemands dans le quartier. Son corps sera découvert le 26 août sommairement enterré dans la cour de la caserne Prince-Eugène de la place de la République.
ô Lê régiment est parti. Le premier véhicule qu’il voit sur la route est un autocar carbonisé avec tous ses occupants : un avion allemand a dû le prendre pour un véhicule militaire. C’est la première fois que les hommes du 102 découvrent, à travers un massacre de civils, un visage de la guerre auquel ils n’avaient guère songé jusqu’alors. Et chaque homme pense à ceux qui lui sont chers et qu’il a laissés en se disant qu’il ne partait à la guerre que pour leur éviter de la voir de près. »
Souvenirs de l’écrivain Guy des Cars, mobilisé en mai 1940 lors de la bataille de France. Lieutenant d’infanterie, il reçoit la Croix de Guerre pour sa belle conduite au front
“2 janvier 1916 – Le départ toujours pénible, les parents, ma femme, mes enfants, mes frères viennent me conduire à la gare, c’est quand même avec tristesse que je quitte les êtres aimés pour repartir vers l’inconnu et le danger.”
Carnet de guerre d’Edouard Guillouard (84° RIT)
” Au fond de la tranchée s’étalent des mares bourbeuses où mes poilus vont pataugeant, lamentables et résignés. Braves types ! ils ont de pauvres visages, pâles de froid. Ils fourrent leur tête dans leurs épaules, comme font les moineaux dans leurs plumes. Et quand je passe, ils m’accueillent tous du même bonjour familier qu’une plaisanterie, souvent, accompagne. “
Maurice Genevoix. Mobilisé en 1914, il dut interrompre ses études pour rejoindre le front comme officier d’infanterie.
Pierre Patin rejoint le front en 1914 et est blessé par un éclat d’obus en août 1918. Ce natif du Havre sera décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Il était dans le 138ème régiment d’artillerie lourde.
Deux générations dans la guerre. Marcel Dez et son père, tous les deux mobilisés en 1914. Le jeune Marcel connaîtra la terrible bataille du Chemin des dames, sera gazé et restera aveugle 6 mois. Malgré les obus et la mitraille, le papa et le fiston rentreront vivants à la maison et retrouveront la mère (et le petit chien).
” Le 27 novembre 1916 au matin le canon tonne dur, il augmente vers midi et jusqu’à 3 h c’est un marmitage continu des positions Bulgares. Nous suivons les éclatements sur les montagnes, partout les flocons blancs se détachent sur le front battu. C’est un beau vacarme. Nous restons jusqu’à la nuit dans l’inconnu du résultat. Enfin des nouvelles arrivent, l’avance escomptée a échoué et notre régiment a trinqué dur. “
Extrait des carnets d’Alexandre Plaforêt, soldat embarqué dans la campagne d’Orient de 1915 à 1917. Il évoque ici les combats autour de Florina en Macédoine grecque.
Eugène Leleu a connu les champs de bataille de la Somme ainsi que le front d’Orient. En octobre 1918, il est cité à l’ordre du régiment: “Excellent brigadier qui est resté à son poste d’observation malgré un feu violent de l’artillerie ennemie”.
Eugène est décédé en 1986. Il était dans le 13ème régiment d’Artillerie.
“Le tempérament anglais est à tant de points de vue si différent du nôtre qu’on aurait pu concevoir quelques craintes sur la facilité des rapports entre la troupe et nos populations. Aujourd’hui nous sommes pleinement rassurés. C’est un fait incontestable et particulièrement heureux : Tommy, pris individuellement, s’entend à merveille avec les habitants de nos régions du Nord.”
Témoignage de Jean Fernand-Laurent, interprète français aux côtés des troupes britanniques pendant la Première Guerre mondiale. Il deviendra en 1932 député de la Seine.
« De toute façon, cette guerre qui se dénomme officiellement “maintien de l’ordre” est vouée à l’échec. Il est impossible de réduire ce peuple en révolte, qui aspire à sa liberté. Nous n’en viendrons jamais à bout. Alors à quoi bon continuer à faire tuer nos soldats dont on dira qu’ils sont morts pour la France. Pour quelle France ? Quand j’étais dans la Résistance, je savais les raisons de mon combat. Ici, j’ai le sentiment de me battre contre des résistants. Je ne suis qu’un mercenaire d’un colonialisme rétrograde. »
Mémoires du capitaine Désiré Camus, ancien responsable du maquis de Squiffiec (Côtes-d’Armor), engagé dans la guerre d’Indochine en 1951 avec le 5e bataillon de parachutistes coloniaux.
Pendant l’été 1918, un corps expéditionnaire thaïlandais est envoyé en France sur ordre du roi de Siam “Rama VI”. Pas moins de 1284 volontaires débarquent dans le port de Marseille avec l’objectif d’aider les Alliés à combattre l’Allemagne impériale. Ils seront 19 à périr bien loin de chez eux (la plupart de maladie).
« Le médecin de la prison est le meilleur auxiliaire du commissaire instructeur et du bourreau. Lorsque le détenu passé à tabac revient à lui; il entend la voix du médecin: “On peut continuer, son pouls est normal.” Après 5 jours passés dans un cachot glacial, le médecin examine votre corps dévêtu et transi et dit : “On peut continuer”. On vous a battu à mort et il signe l’acte de décès : cirrhose du foie, infarctus. »
Mémoires d’Alexandre Soljenitsyne, survivant russe du goulag soviétique. En janvier 1945, il est arrêté par le NKVD pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée. Il passera huit ans dans des camps de travaux forcés en Russie et au Kazakhstan.
Le savoyard Clovis Perroud a combattu dans les Vosges , où il a été blessé en novembre 1914. On le voit ici avec un camarade, triomphant, le pied sur des casques allemands.
« Stalingrad a donné naissance à une tradition: “Échange à l’aveugle !” Imaginez qu’un soldat croise un autre soldat dans la rue. L’un d’eux met la main à sa poche et dit : “Échange à l’aveugle”, autrement dit, échangeons deux objets sans regarder. Imaginez que vous ayez de l’argent en poche et qu’il n’ait qu’une misérable cigarette : vous les échangez quand même. Ou une montre bon marché contre une montre en argent. Cette tradition est née parce qu’à Stalingrad, la vie ne se mesurait même pas en minutes, mais en secondes. »
Souvenirs d’Anatoly Merezhko, combattant soviétique lors de la sanglante bataille de Stalingrad en 1942-1943
“Nous avons touché le sol français un peu plus de six heures avant le débarquement sur les plages. Notre avion a été atteint par un obus de DCA allemand et nous avons dû très rapidement sauter en parachute en Normandie. Une fois au sol, nous nous sommes regroupés, neuf gars. On ne savait pas exactement où nous étions. On entendait des nids de mitrailleuses allemandes. Avec quatre hommes d’un côté et quatre de l’autre, nous avons rampé au plus près et quand j’ai sifflé, chacun a lancé une grenade. Les Allemands ont été tués.”
Témoignage de David Jackendoff, parachutiste américain de la 101st Airborne le 6 juin 1944.
Une photo prise en 1916 lors de la bataille de la Somme par le soldat suisse Pierre Frohlich, engagé dans la Légion étrangère. Il écrit: “Mortier belge 155mm repris à l’ennemi”
Philibert a survécu à la guerre et est décédé à Sète en 1972.